Les Messagers de l'Aube : journal de bord 44
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3ème jour de Riag, 1507 TH.
Je dois me hâter de boucler mes malles, car je vais bientôt quitter ma confortable bibliothèque pour repartir à l'aventure. Le navire partira demain matin... Earthdawn... Le Messager de l'Aube ! Comprenez-vous ce que cela veut dire ? Revenu des ombres, le navire légendaire est reparti dans le ciel de Barsaive. Le commandant Damz, nous propose de rejoindre l'équipage d'explorateurs, scribes et autres adeptes qui s'apprête à prendre le départ pour un long voyage...
Notre objectif ? Parcourir toute la province pour diffuser les livres les plus importants qui aient été écrits depuis la Charte du Conseil : il s'agit bien sûr du jeu de rôle Earthdawn-classic. Compilant les anciens textes de la civilisation perdue de Fasa et de nouveaux parchemins rédigés par les scribes de Redbrick, ces ouvrages rassemblent toutes les connaissances possibles sur les règles et le monde de Earthdawn.
Notre armateur officiel, la compagnie Black Book éditions, nous a confié une lourde tâche : traduire dans notre langue les centaines de pages de livres thérans. Nous commençons par le très célèbre Prélude à la Guerre, mais nous nous intéressons aussi à La revanche d'Ardanyan, et puis, si les vents nous portent et que nous évitons les Horreurs, les esclavagistes thérans et les écumeurs qui sillonnent les cieux de Barsaive, viendront ensuite les Nations de Barsaive, les Désirs brûlants, et tout le reste...
Une quête monumentale. Un travail formidable. Une véritable aventure.
Les différents membres de notre groupe, les Messagers de l'Aube, avaient déjà l'habitude de travailler ensemble, pour publier des parchemins sur le Forum des Ombres, une petite bibliothèque secrète dissimulée dans les profondeurs de la cité de Kratas. Désormais nous travaillerons également pour le royaume de Throal. Certains d'entre nous avaient d'ailleurs déjà participé, individuellement, à l'aventure qui avait conduit à la découverte des fameux Compendiums (Recueil du Joueur, Recueil du Maître de Jeu et Recueil des Donneurs-de-noms). Dans les prochaines pages de ce journal, je vous présenterai mes compagnons, un par un.
Depuis de longs mois nous nous préparons dans le secret des Halls de Throal. Désigné par mes camarades d'équipage Chroniqueur des messagers, je tiendrai donc la plume pour rapporter tout ce qui se passe à bord du navire. Notre journal vous fournira un luxe de détails sur notre expédition.
Nous sommes les Messagers de l'Aube, et nous jurons de tout faire pour aider Black Book éditions à publier ces livres. Que Mynbruje et toutes les Passions nous accompagnent !
Mahar, archiviste et scribe elfe
Vu l'ampleur de la tâche et la hauteur du défi ne vaudrait-il pas mieux s'adresser à Thystonius?
23ème jour de Riag, 1507 TH.
Je vous avais promis que je vous présenterai mes compagnons d'aventure, ceux qui font réellement le boulot pendant que je rédige les chroniques, bien confortablement installé dans ma cabine à bord du navire. Je vais donc vous relater l'histoire de Kyin, notre troubadour ork, telle qu'il me l'a lui même confiée un soir dans une taverne de Grand-foire, peu avant notre départ pour l'expédition Prélude à la Guerre.
Note à l'attention du lecteur : les propos qui suivent délivrent quelques secrets sur le contenu de notre projet Prélude à la Guerre. Les adeptes désirant vivre ces aventures contées par leur Meneur de Jeu habituel feraient bien de passer leur chemin, pour en conserver toute la saveur à venir !
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Ouais, je sais, Kyin n'est pas un nom très courant pour un donneur-de-noms dans Barsaive, et encore moins pour un ork. Et pourtant, c'est ce que je suis l'ami, un ork, un digne fils de Hrak Gron, notre mère à tous. Un Troubadour, pour être plus précis - même si je vois au regard que tu portes sur mes vêtements que tu doutes complètement de mes paroles. Ouvre grand tes esgourdes, et laisse-moi te raconter...
Il y a de cela quelques années, j'étais une canaille, une fripouille, un vagabond qui errait sur les routes défoncées qui menaient à des endroits où il ne faisait pas bon vivre. Pour te faire une idée de ce que j'étais, mon nom était connu dans de nombreux quartiers de Kratas, et même Garlthik le borgne m'appelait par mon prénom. Oh oui, j'en ai dépouillé des bourgeois, et je buvais le soir à leur santé jusqu'à m'en rouler par terre. Mes compositions narraient les histoires des hommes que j'avais rendu cocu, pleines de violence et de grossièreté.
Mais arriva bien vite ce qui devait arriver. Au départ je crus qu'on m'empoisonnait, puis je m'imaginais qu'une Horreur m'avait pris en chasse. Mais non, cher ami - c'était tout simplement moi. Je goûtais à ce que nous adeptes appelons crises de talents, et crois-moi, ce n'est pas quelque chose d'agréable. Imagine que tout ton être se décolle, qu'un feu intense explose dans ton estomac, désirant à tout prix sortir mais prisonnier de ta paresse et de ta lâcheté.
Ce feu, je le compris plus tard, c'était celui de Mera-a-a-arg, celle que vous appelez Astendar. Au bord de la folie, je me suis enfui à l'est.
Sans le savoir, je suivais le chemin emprunté par une orke avant moi. Comme Krathis Gron, je me suis retrouvé dans cette terre étrange que l'on appelle Cathay. Tu commences à comprendre, ce vêtement que je porte est un chang pao, et il provient de ce pays merveilleux dont tu as certainement déjà entendu quelques légendes.
En vérité, le Cathay est bien des choses, et les Cathayens sont à la fois fantastiques et effrayants. J'y ai trouvé un maître, qui m'a redonné confiance, qui m'a permis de libérer Mera-a-a-arg de la cage où je L'avais enfermée. C'est ici que le triste ork que j'étais devint Kyin, celui qui vit par l'encre.
En entendant parler de Krathis et de ses Graines de la nation, je sus quel était mon destin : assister à la création de la nouvelle nation orke de Cara Fahd, et consigner cette légende pour qu'aucun ork n'oublie jamais d'où il vient.
Je pris le chemin du retour en embarquant à bord du premier navire du ciel en partance pour Barsaive. A peine mon pied foula le plancher du pont que je compris qu'il allait devenir mon foyer, et à peine eus-je discuté avec son équipage que je compris qu'ils allaient tous devenir ma famille. Ce bateau, dois-je prononcer son nom l'ami ?
C'était le Messager de l'aube...
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Mahar, archiviste et scribe elfe
Drole d'idée de commencer par l'ork Kyn... quoique. Au moins, cela montre à quel point on est tolérant. Ha oui, Mahar a oublié un truc : notre ork, il est libre. Ce n'est pas un esclave.
Quoique... toujours des gens en position du lotus...
Pas un esclave, pas un esclave... oui d'accord, si on retire les chaînes, le quignon de pain rassi qu'on me serre tous les jours dans la soute, et les coups de fouet si je ne vais pas assez vite dans mes relectures, c'est une véritable vie de château
4ème jour de Teayu, 1507 TH.
Cette semaine, je vous transmet l'histoire de Jean VI, telle qu'il l'a lui même livrée à l'équipage, un soir où le vin l'avait rendu mélancolique. Mais ne vous laissez pas abuser par le ton étonnamment modeste de cet érudit de talent. Il s'agit d'une éminence, un vrai puits de savoir, et encore plus important : un scribe hors pair, capable de traduire des centaines de pages de grimoires thérans en quelques jours !!! Une pierre angulaire, dans notre petit équipage !
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Je n'étais qu'un triste nain. Curieux et idéaliste, certes (surtout lorsque j'abusais un peu trop de la bouteille avec mes quelques amis), mais triste.Je n'avais pourtant pas de quoi me plaindre : je m'appelle Jean VI (mon père a toujours eu des idées grandiloquentes pour baptiser sa progéniture), ma famille gère une compagnie marchande prospère, je vis dans le somptueux manoir familial au sein des Domaines de Throal, je mange et bois à l'envie, et porte des vêtements dont le coût ferait défaillir la majorité de ceux qui trainent dans les Dahnat, là où s'entasse la population pauvre de notre rayonnant royaume.
J'ai grandi sur les bancs d'une école réputée, ingurgitant toutes les matières nécessaires pour faire de moi un juriste accompli. Je connais particulièrement bien la Charte du conseil : son préambule, ses contes, ses précédents, ses transcriptions et son code, et j'effectue mon travail avec rigueur et sérieux, ce qui fait la joie de mes clients et la fierté de mon père.
Et pourtant, je suis triste et désabusé. Triste par ce que j'ai toujours eu l'impression de piétiner mes rêves en accomplissant des tâches stressantes et souvent absurdes (imaginez ce que c'est de devoir défendre un client fourbe et malhonnête devant une cour de jurés impatients !). Désabusé parce que j'ai de plus en plus l'impression que mon père s'est servi de moi pour dissimuler les secteurs les moins reluisants de son entreprise.
Pourtant, presque chaque soir après le travail, je me rendais à la Grande Bibliothèque de Throal pour me plonger dans des récits rédigés par les nombreux aventuriers de notre chère province. Ces histoires d'explorations, de découvertes hallucinantes et parfois monstrueuses, de solidarité sans faille et de combats héroïques m'ont permis de tenir, de persévérer en sachant que des individus, quelque part, acceptaient de se battre pour servir les intérêts supérieurs de notre grande nation.
Et c'est grâce à ces lectures et à mes multiples questions que j'ai attiré l'attention de l'illustre Merrox, le Maître de la Salle des Archives. J'eus l'immense honneur d'être convoqué dans son bureau pour être présenté aux divers membres d'une compagnie qui s'apprête à rédiger une œuvre majeure : la traduction et la rédaction d'écrits inédits qui pourraient bien un jour bouleverser l'avenir de notre monde.
A leurs côtés, les rêves que je chérissais depuis si longtemps se transformèrent en véritables talents et firent de moi un érudit explorateur initié. Je vogue maintenant à bord du Messager de l'Aube, les yeux embués par le vent glacé et par l'incroyable réalité que je suis en train de vivre. Jamais je n'aurais crû à un pareil destin.
Espérons maintenant que mon travail soit à la hauteur des aventures qui nous attendent...
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Mahar, archiviste et scribe elfe
Très belle prose!
15ème jour de Teayu, 1507 TH.
Cette semaine, je vous parlerai de mon vénérable ami, aux côtés de qui je chevauche depuis quelques années : le très sage, très jovial et très respectable maître Scorpinou, et vous en apprendrez un petit peu plus sur celui qui est devenu notre caution technique à bord, le grand connaisseur des Règles et du Système du Messager de l'Aube !
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Rhaaa, la magie des noms !C'est étrange, mais plus le temps passe et plus le passé associé au nom que mes parents ont choisi disparait, petit à petit, même dans ma mémoire. Et c'est Scorpinou, le surnom dont m'ont affublé mes premiers compagnons d'aventures qui perdure.
Certains pensent aussi que je suis un nain, mais en fait je suis un humain, de petite taille certes, mais humain quand même. Il faut dire que beaucoup m'imaginent comme érudit voyageur de haut cercle (même le capitaine Damz pense que je suis d'un plus haut cercle que l'honorable Merrox) mais en fait la polyvalence humaine brouille les cartes, je suis plus un forgeron qu'un scribouillard, même si je peux surprendre en pratiquant des choses inhabituelles... quelque soit la discipline. C'est souvent pour ça que l'on ne nous apprécie pas beaucoup, nous les humains. Nous sommes trop difficiles à ranger dans de petites cases avec une étiquette dessus.
C'est ainsi que Scorpinou commença à me raconter son histoire, un soir d'hiver peu avant notre départ, dans une petite taverne que nous fréquentons habituellement, mais dont je ne vous donnerai pas l'adresse car nous aimons y garder notre tranquillité. Scorpinou me promettait de me raconter son histoire, j'étais avide de connaître, après des années à travailler à ses côtés, d'où il venait, quelles étaient ses Passions, quelles Disciplines il suivait et quel cercle il avait atteint dans ces voies, et surtout, quel était son vrai NOM...
Sorti de mon kaer il y a une bonne décennie, j'ai vadrouillé sur les terres de Barsaive pendant longtemps, parfois au sein d'un petit groupe, parfois à la tête d'un drakkar mais toujours le cœur emplit de joie face à tant de beauté et malgré les dévastations des Horreurs, des Thérans ou d'autres choses tout aussi peu fréquentables.
Il y a quelques années le capitaine Damz recherchait des vaillants pour affronter les embruns et foncer vers de nouvelles contrées. J'ai aussitôt dit oui à sa proposition, l'envie d'y aller étant forte et la joie tout aussi grande lorsque les premiers résultats de notre labeur sont arrivés : les premiers recueils Earthdawn !
Et l'envie de mettre le cap sur d'autres contrées me tiraillait mais l'équipage n'était pas suffisant, alors j'ai sonné le tocsin et fait appelle aux bonnes volontés. C'est alors que d'autres nous ont rejoints : Kyin, Jean VI... et que des projets fous ont pu naitre, croitre et se développer. Aujourd'hui c'est une tonne de récits, aides de jeu, scénarios, etc. qui sont arrivés à termes et qui continue d'arriver
La fierté de voir tout ça m'emplit d'une joie qui me donne des ailes et une envie encore plus grande de continuer et de faire d'avantage
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Et voici la très elliptique histoire de Maître Scorpinou, dont je n'appris finalement rien de nouveau ce soir là, puisque toutes ces aventures qu'il me relatait, je les avais vécues à ces côtés, dans ma vieille bibliothèque fermée de longue date, sur le forum des ombres où nous sévissons encore régulièrement, ou bien auprès du capitaine Damz pour la compagnie Black Book...
Pas un mot sur son kaer, pas un mot sur sa ou ses disciplines, pas un mot sur ses aventures mystérieuses, avant que je ne le rencontre dans la taverne de la Haimelle, où nous buvions au même tonneau avec le Troll grognon et Damz (qui à l'époque n'était pas capitaine, juste un aventurier de passage comme nous tous, mais je vous parlerai de lui une autre fois...). Et surtout, pas la moindre piste pour connaître son vrai nom.
Promis, chers lecteurs : pendant le voyage, je trouverai bien le moyen de tirer les vers du nez de ce vieil humain infatigable, il est peut-être rusé comme le renard et sage comme le hibou, mais foi de Mahar, j'en viendrai à bout !
Mahar, archiviste et scribe elfe
à ton avi, pourquoi les dragons ne disent jamais leurs vrai noms ? mpfff, je ne dirais jamais, même si tu tentes de me faire boire des pintes de bière pour ça
Hummm, peut-être qu'avec un sort de lévitation et beaucoup de fatigue autour de la table, on pourrait te faire parler Non